Avertissement :
La légende que vous vous apprêtez à lire, n’est que ça, une légende. Elle peut être interprétée de différentes manières mais n’a ici pour but que de divertir. Certes, l’amanite tue-mouches (Amanita muscaria) est utilisée par certains peuples lors de rituels chamaniques suivant des modes de consommation très particuliers. Elle reste néanmoins impropre à la consommation humaine. En effet, elle est responsable du syndrome panthèrinien qui se traduit par les symptômes suivants : troubles neurologiques, tachycardie, hypertension, troubles digestifs, etc.
La nature nous offre tant de bonnes choses mais certaines d’entre elles ne sont là que pour le plaisir des yeux. Ne prenez pas de risques inutiles.
Oli&Arlolo
Corbeau et les esprits Wapacq*
Corbeau aimait se vanter. Il racontait, à qui voulait bien l’entendre, qu’il était l’être le plus fort de la toundra. Excédés par ces incessantes bravades, lièvres, bœufs musqués et autres gloutons le mirent au défi de prouver ses dires.
—Tu ne cesses de te vanter, montres nous que tu es le plus fort en réalisant quelque chose qu’aucun d’entre nous n’est capable de faire.
—Très bien, pour vous montrer toute ma force, je vais porter Baleine d’un côté de Kamtchatka à l’autre. Corbeau aimait se vanter.
C’est ainsi que devant les yeux ébahis des autres animaux, il prit Baleine dans ses serres, la sortit de l’eau et entreprit la traversée de la presqu’île.
Corbeau aimait se vanter mais le chemin était long et Baleine de plus en plus lourde. Il finit par lâcher le cétacé, qui gisait maintenant au milieu des terres.
Corbeau aimait se vanter mais, à cet instant précis, il était bien embarrassé. Il décida d’aller voir Wahiyininn, le grand esprit qui savait tout. Il vola de plus en plus haut. De ciel en ciel jusqu’à atteindre le septième.
—Ô grand Wahiyininn, je suis le plus fort, Corbeau aimait se vanter, cependant je n’ai pas pu porter Baleine assez loin. Maintenant, elle est échouée et s’essouffle.
Le grand esprit cracha sur l’île.
—Vois Corbeau, sous chacun de mes postillons blancs, tu trouveras un esprit Wapacq rouge comme le sang. Manges-en, ils te rendront encore plus fort.
Corbeau entreprit sa descente. De ciel en ciel, jusqu’à atteindre la terre ferme. Et comme le grand esprit l’avait promis, sous chaque postillon blanc comme la neige, il trouva un petit esprit Wapacq.
Il en engloutit un et se sentit aussitôt bien plus fort qu’il ne l’était déjà.
—Ne t’inquiètes pas baleine, avec cet esprit je pourrais te porter d’un océan à l’autre, corbeau aimait se vanter.
À nouveau, il souleva baleine et acheva la traversée de la presqu’île. Baleine retrouva, non sans un certain soulagement, les eaux de la Mer de Béring. Corbeau prouva à tous, qu’il était bien le plus fort.
Depuis ce jour, chaque automne, le grand Wahiyininn crachote quelques postillons blancs et sous chacun se trouve un esprit Wapacq rouge dont les chamanes yacoutes se servent pour atteindre le septième ciel et communier avec le grand Wahyininn.
Corbeau, lui, aime toujours autant se vanter.
*Librement inspiré d’une légende yacoute.
