Faut il nourrir les oiseaux en hiver
Janvier 2023,
je profite enfin d’une semaine de vacances bien méritées. Comme tous les matins, les enfants dorment encore et j’observe le jardin à travers les fenêtres du séjour. L’agitation des fêtes enfin passée, j’ai vraiment besoin de ce petit moment pour bien débuter la journée. Tasse de café à la main, je jette un œil à la mangeoire qui se situe dans le jardin devant la maison.
J’y ai déposé quelques graines hier soir pendant ma ronde. Les rayons du soleil illuminent la mangeoire, elle est bondée. Les moineaux domestiques y font un vrai festin. Au sol, une grive et quelques pinsons des arbres profitent des graines que les Pierrots font tomber. Quand un oiseau quitte la table, il est aussitôt remplacé par une mésange.

Tout ce petit monde semble bien s’entendre jusqu’à l’arrivée de deux ombres noires. Deux corneilles viennent en effet de gâcher la fête. Je dois bien constater que cette mangeoire en forme de plateau surmonté d’un toit favorise les oiseaux quelque peu opportunistes et les dominants. J’ai de toute façon, prévu de fabriquer plusieurs mangeoires cette semaine. Le but étant, de moins concentré les différents individus à un endroit. Le risque de transmission de maladie n’en sera qu’amoindri et chacun aura l’opportunité de se nourrir.
Quelques jours (et quelques coups de marteau sur les doigts) plus tard, les mangeoires sont enfin prêtes. J’ai réalisé deux modèles différents. Deux silos, pour y mettre des cacahuètes et trois trémies, équipées de bouteilles en guise de réservoirs à graines. Le tout est fait avec un maximum de matériaux de récup, à l’instar des bouteilles qui en réalité sont des bouteilles de coulis de tomate.
« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » comme disait si bien Lavoisier.
Un petit coup d’huile de lin et me voilà prêt à installer ces nouveaux buffets au

quatre coins du jardin.
Il fait très doux ce jour-là et soudain le doute m’assaille. Est-ce une bonne idée de nourrir les oiseaux ? En ont-ils réellement besoin ou est-ce juste pour mon bon plaisir ? J’ai besoin de réponses avant d’aller plus loin et de risquer de faire une bêtise.
D’ailleurs où est passé Arlolo ? Depuis l’arrivée de l’hiver, il se fait plus discret. Il passe son temps à dormir et ne se lève que pour manger et râler. Au début, j’ai cru qu’il faisait, comme d’autres dans cette maison, une crise aigüe d’adolescence mais vue son âge, ça ne colle pas, ou c’est vraiment très gênant.
En réalité monsieur hiverne, c-à-d. qu’il en fait le moins possible pour dépenser le moins d’énergie possible. À bien y réfléchir, je devrais peut-être faire de même, bref là n’est pas le sujet. Sachant très bien qu’il va m’envoyer paître, je décide de faire mes recherches comme un grand.
Après avoir consulter pas mal d’articles, de sites et de livres voici mes conclusions et quelques conseils si comme moi, vous désirez donner un petit coup de pouce à nos amis ailés :
Dans nos paysages de plus en plus urbain, il peut être difficile pour les animaux de trouver de la nourriture saine et adaptée à leurs besoins.
En hiver le maintien de la température corporelle nécessite une alimentation riche en graisses. Je conseille donc de privilégier des graines riches en lipides, comme les graines de tournesols, les noix, les cacahuètes. Non salées hein, les cacahuètes, gardez ça pour l’apéro et appeler moi. Évitez les boules de graisses du commerce, celles-ci sont souvent de mauvaise qualité et peuvent provoquer des intoxications. Si vraiment les températures chutent, vous pouvez donner du saindoux ou de la margarine.
Les larves et insectes se cachent en hiver. Des oiseaux, comme les merles ou les rouges-gorges, qui d’habitude ont un régime plus insectivores changent leur régime alimentaire quand les proies ne sont plus disponibles. Il est donc inutile de mettre des vers à disposition en hiver. Comme souvent, le plus simple est d’observer et d’imiter la nature.
Un chose à laquelle on ne pense pas souvent, c’est l’eau. En hiver aussi nos petits amis ont besoin de boire et de se laver.
Pour ce qui est des maladies, c’est la même chose que pour nous. En veillant à ce que les mangeoires et les abreuvoirs soient propres. Que la nourriture soit qualitative et qu’elle soit conservée au sec et à l’abri des rongeurs, il ne devrait pas y avoir de soucis. Si toutefois, vous observiez un oiseau malade, arrêtez tout de suite le nourrissage, afin d’éviter la propagation.
Dans ce cadre-là, le nourrissage peut permettre d’améliorer le taux de survie et par conséquence d’augmenter le nombre de couples reproducteurs et tout ce qui en découle (taille et qualité de la ponte, taux d’éclosion, …).
Par contre, évitez de donner à manger après la période hivernale. Une fois les grands froids passés, les besoins des oiseaux changent. En continuant de les nourrir, il se pourrait que les pontes arrivent en avance et du coup, ne plus coïncider avec l’apparition des chenilles, qui sont la base de l’alimentation des oisillons.
Fini le règne de la graisse, vive les protéines !
Certaines études montrent aussi que le nourrissage tardif a une influence sur le chant et peut donc potentiellement mettre en péril la formation des couples.
En résumé, n’hésitez pas à donner un petit coup de pouces aux oiseaux en hiver. Ils apprécieront le geste et cela vous permettra de les observer, de vous reconnecter à cette nature si fascinante. Cependant, point trop n’en faut. Sachez limiter cette aide dans le temps.
L’idéal reste d’avoir un jardin où la nourriture est naturellement présente. C’est pourquoi, il y a deux ans, nous avons entreprit de planter tout autour de nôtre terrain une haie constituée entre autres de viornes, noisetiers, sureaux, sorbiers et autres pruneliers. Je veille aussi à laisser certaines fleurs, comme les tournesols, monter en graines. Ceci constituera, je l’espère, dans quelques années la seule source d’alimentation de tout ce petit monde.

À l’heure où j’écris cet article, deux mésanges viennent picorer des graines de tournesols dans la mangeoire que j’ai placé sur le rebord de la fenêtre. Même en étant à un mettre d’elles, elles ne semblent pas être gênées par ma présence. Je crois que je vais me resservir une tasse de café et profiter encore un peu du spectacle.
À bientôt
Merci pour ces informations et bonne continuation ✌️
Merci à vous.