Les châtaigniers d’Hougoumont
Waterloo, le dimanche 18 juin 1815.
Une coalition composée des armées anglaises, allemandes, néerlandaises et prussiennes fait face aux troupes françaises commandées par Napoléon Bonaparte en personne. La pluie abondante, qui a détrempé le futur champ de bataille a rendu difficile la manipulation des canons, forçant Napoléon à repousser le début de l’attaque.
Le Duc de Wellington et son armée anglo-néerlandaise, pendant ce temps-là, occupent le village de Mont St-Jean et en profitent pour fortifier les fermes des alentours. Parmi ces dernières, la ferme-château d’Hougoumont. Celle-ci est cachée des français par un petit bois. À 11h30 l’aile gauche, menée par Jérôme Bonaparte sur l’ordre de son frère aînée attaque la ferme À château afin de créer une diversion permettant aux canons français de manœuvrer. Contre toute attente, elle se heurte à 500 combattants coalisés bien décidés à garder leur position.
Le combat autour de la ferme durera plus de huit heures et 5.000 hommes y laisseront la vie… et trois arbres en seront témoins.
Oups, je n’ai pas commencé ce récit par le début. Rembobinons un peu, voulez-vous ?



Ce dimanche d’octobre, mon renard (mon fils aîné) participe à un tournoi sportif dans le Brabant wallon . N’étant pas loin de Waterloo et vu qu’il est encore tôt, ma moitié et moi décidons d’aller montrer la Butte du Lion (qui en réalité est à Braine-l’Alleud et pas à Waterloo, vous suivez?) aux enfants. Arrivé sur place, je gare la voiture à proximité de la ferme-château d’Hougoumont. À peine sorti de la voiture, j’aperçois les trois châtaigniers (Castanea sativa).
Malheureusement, sur les trois arbres, seulement deux sont encore debout. Le troisième ayant été abattu par une tempête l’année passée. Il faut dire qu’il était mort depuis un sacré bout de temps. En effet, son voisin et lui furent foudroyés il y a environ 150 ans. D’ailleurs ; son voisin guère plus vivant est étroitement surveillé, le risque de subir le même sort étant élevé.
Depuis tout petit, l’histoire me passionne et savoir que ces arbres ont vu défiler plus de 300 ans, me laisse rêveur. Ma petite tribu est déjà en route pour la butte quand Arlolo saute sur mon épaule.
—T’as vu les trous dans leurs troncs ? Je te garantis que si on creuse un peu, on peut trouver des balles de mousquets. Ces pauvres arbres n’avaient rien demandé et pourtant, ils portent les stigmates de cette guerre.
—La bataille a dû être terrible.
—Oh ça oui. Vous les z’humains et vos guerres. Je n’ai jamais vraiment compris l’intérêt. En même temps, vous êtes bien la seule espèce que je ne comprends pas me dit-il avec un air triste que je n’avais encore jamais décelé chez lui.
Je peux t’y emmener si tu veux. Je te mettrai dans la peau d’un corbeau. C’est pas ça qui manquait ce jour-là, si tu vois ce que je veux dire. D’ailleurs autrefois, mes trois vénérables amis marquaient la limite d’une forêt. Cette dernière a été rasée après la bataille pour permettre de monter des bûchers. Enfin, c’est toi qui vois, finit-il par dire avec un léger trémolo dans la voix.

—Tu sais quoi, mon pote ? Je vais passer mon tour cette fois. Ce fut une belle journée, terminons là en beauté. Viens, le soleil se couche déjà. Dépêchons-nous de ramasser quelques châtaignes. On les mangera devant un bon feu.
—Avec une bière ? Ou alors, une liqueur de châtaigne ? Tu n’as jamais testé la châtaigne en liqueur ? Je t’ai déjà raconté l’histoire du hérisson et du châtaigner ? Alors, il était une fois….
Au final la bataille de Waterloo aura fait plus de 50.000 morts et blessés toutes armées confondues. Cette bataille signera la fin du règne Napoléon et une paix toute relative en Europe.